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suis pas seul : regardez bien autour de vous ; qu’aperçoit-on ?

— Pas grand’chose, si ce n’est le désert sombre ;… la vallée ;… la montagne : toute cette nature est belle et grandiose, mais monotone. Là bas, la rivière étincelle au soleil ; à la longue, ces reflets fatiguent, ce sont toujours les mêmes.

— Oui ! oui ! enfant ! Cette région ressemble à son Créateur, — elle ne change jamais. — C’est bon, bien bon ! ce qui ne change pas. — Vous aimez la nouveauté, jeune homme ? regardez-moi : j’ai été jeune comme vous,… mais j’ai changé. Ma vie a changé encore plus que ma personne. — Vous êtes heureux maintenant ; eh quoi ! voudriez-vous changer ?… pour avoir quoi ?… du malheur ?… Gardez-vous de devenir indifférent aux bienfaits dont vous a comblé la Providence : faites comme les oiseaux de ces forêts ; ils sont toujours contents et ne changent jamais. Voyez ce miroir argenté de la rivière ; toujours le même lit paisible, les mêmes ondes murmurantes, la même fraîcheur enchantée. Depuis bien des années je la contemple, je l’aime, je rêve au bruit de sa voix immense ; elle n’a pas changé : la trouvez-vous