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En parlant ainsi, son visage avait une expression effrayante ; dans ses yeux bleus ordinairement si doux s’allumait une flamme vengeresse.

Wontum sentit un mouvement d’inquiétude lui traverser l’âme :

— Ugh ! que fera la squaw à la face-pâle ? Elle n’est qu’une femme, une femme, une vile squaw !

— Je vous tuerai, horrible cannibale ! Je jetterai votre âme en pâture au méchant esprit, afin qu’il la tourmente éternellement !

L’Indien grimaça un sourire moqueur. Mais il ne pût dissimuler le malaise qui s’était emparé de lui, et durant tout le reste du voyage il évita de se tenir près de la jeune fille. À défaut d’armes apparentes, il la croyait en possession de pouvoirs surnaturels et invisibles.

Il était presque nuit lorsqu’ils arrivèrent à Devil’s Gate. Toute la population Indienne y était en grande agitation : les guerriers se tenaient prêts à une bataille ; les uns, cachés derrière les arbres et les rochers ; les autres, dans les cavernes qui bordaient l’étroit défilé.

Les troupes, déjà arrivées, avaient engagé l’ac-