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— Quelle est cette dernière victime ?

— Wontum. Depuis deux jours j’ai eu cent occasions de le tuer, ce monstre ! mais la pauvre femme et son enfant l’ont sauvé.

— Comment cela ?

— Elle était sa prisonnière : je voulais la délivrer. Si j’avais fait feu sur ce chien sauvage, toute sa bande se serait aperçue de ma présence ; je n’aurai plus rien pu faire pour elle ; on l’aurait hachée sur place à coups de tomahawk. J’ai donc mis de côté ma vengeance, pour sauver la captive. — Oh ! la nuit dernière, quand j’ai pénétré dans le wigwam où elle était chargée de liens, je me suis penché sur le Pawnie, mon couteau est sorti tout seul de son fourreau, le cœur de l’ennemi l’attirait ! Mais je me suis retenu ; il fallait délivrer la mère et l’enfant. Un geste, un souffle, pouvaient donner l’alarme, la bande se levait comme un tourbillon, tout était perdu. J’en aurais tué beaucoup après lui, cela est certain ; mais le nombre aurait fini par triompher. Pour le salut de Manonie, pour celui de son pauvre petit enfant, pour le bonheur de l’époux et du père qui aime si tendrement ces deux chères créatures, j’ai consenti à épargner