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Harry de sa couche de feuilles, Wontum se souleva sur son coude et fit osciller sur ses épaules sa tête alourdie par le sommeil.

Manonie resta sans respiration, les bras tendus, le sang lui battant les tempes… Wontum retomba sur le gazon en murmurant quelques paroles inintelligibles et redevint immobile.

Après quelques minutes d’une mortelle attente Manonie souleva l’enfant et le remit à l’étranger, puis elle le suivit en rampant comme lui au milieu des Sauvages, menaçants jusque dans leur sommeil.

Dire les transes cruelles de la fugitive pendant ce périlleux trajet serait impossible ; la vie était suspendue en elle à la pensée qu’à chaque seconde le vol d’un moucheron, le froissement d’un brin d’herbe, le reflet d’un rayon de lune pouvaient éveiller l’ennemi et la perdre ainsi que son enfant et son généreux sauveur.

Enfin la redoutable enceinte fut franchie ; aussitôt l’homme se redressa et se mit à marcher rapidement : Manonie le suivit à pas précipités. On marcha ainsi pendant une heure, dans le plus profond silence. Bientôt il devint évident que leur fuite n’était pas découverte et qu’ils n’étaient pas