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ces ténèbres et regardant au-dessous de lui, vit cet effroyable chaos de coutumes, d’usages, d’opinions, de religions qui se partagent le globe, son âme se troubla, son imagination s’assombrit, et il proclama en face du monde la vanité de toutes les sciences et de toutes les pensées humaines. Et cependant ce rare génie avait entrevu le remède à tant de maux, et même il l’avait consigné quelques pages plus loin dans un autre chapitre de son livre, le plus beau peut-être des Essais, puisqu’il est resté original après l’Émile, qui en est sorti tout entier. Je veux parler du chapitre XXX de l’Institution des Enfants, dédié à madame Diane de Foix ; car, pour le remarquer en passant, c’est à une mère de famille que fut adressé le premier traité raisonnable d’éducation qui ait illustré la France.

Dans ce chapitre, on lit cette pensée qui alors passa inaperçue et qui plus tard devait servir de texte à Bacon et à Descartes et faire révolution dans les écoles : « Il faut tout passer par l’estamine et ne loger rien en nostre teste par autorité et à crédit. » Qu’on juge de l’étrangeté de cette pa-