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philosophe ne sont pas la conséquence logique des implacables doctrines du prêtre. Ici la raison lutte contre la foi, l’examen contre l’adoration, la raillerie contre la menace. Les excès ont amené la révolte, et parce que dans Bossuet tout se termine par la violence et la damnation, il faut que dans Voltaire tout se termine par la dérision et l’impiété.

Voltaire a fait précéder l’Essai sur les mœurs des nations d’une longue préface intitulée Philosophie de l’histoire. C’est un recueil de questions sérieuses résolues par des facéties. Il y est dit que les bancs de coquillages qui couvrent les montagnes du globe y ont été oubliés par des troupes de pèlerins, ce qui dispense le philosophe de croire au déluge ; que les populations indigènes de la vieille Amérique y furent plantées par la Providence, comme l’herbe des champs et les arbres des forêts, ce qui dispense le philosophe de croire à la création. L’état sauvage y est considéré comme l’état primitif de l’humanité et les cultes religieux, comme une dégradation de l’espèce, les hommes