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Salluste a peint tout cela avec une grande puissance de pensée et de style : il est nerveux, concis, abrupte. Sa parole est un fer rouge sur le front du coupable. On dirait qu’il hait le crime, tant il en témoigne l’horreur. Et ne croyez pas que le criminel puisse lui échapper : conspirateur, il vous connaît ! concussionnaire, il a les yeux sur vous ! Ambitieux vous êtes en lui ! Contradiction étrange ! cet homme dont la pensée est libre, grave, sévère, qui parle comme le vieux Caton, fut l’esclave des vices les plus honteux et des passions les plus monstrueuses. Il égala Lucullus, il eût surpassé Sylla : il l’a loué !

Les anciens ont remarqué la noblesse de sa figure, et ils ont dit qu’elle était l’expression de la noblesse de ses pensées : que n’ajoutaient-ils ce que Salluste lui-même disait de Pompée ? Chez lui la physionomie de la vertu cache le vice !

Il ne reste de Salluste que la conjuration de Catilina et la guerre de Jugurtha. C’est dans cette guerre qu’il s’enrichit par la violence et la concus-