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suicide, et après vingt-huit ans de honteuses défaites et de plus honteuses victoires, consommant sa chute par la chute d’Athènes et de la liberté !

Historien de cette guerre impie, Thucydide en reflète toutes les douleurs. On sent qu’il s’est trouvé mêlé à ces désastres, qu’il a vécu dans l’exil, au milieu des tempêtes et que la foudre l’a frappé. Ses pensées sont graves, son génie est austère, méditatif, forgé au feu des passions et de la guerre civile. Il n’y a pas jusqu’à son dialecte qui ne peigne la tristesse et la vigueur de son âme. Il a choisi le plus congru, le plus sévère, celui dont le propre est de contracter les voyelles, d’abréger les mots, et de leur donner ces concisions pittoresques qui font jaillir et voir la pensée. Ainsi son sujet, sa manière, ses malheurs, tout, jusqu’à sa langue un peu rude, le sépare d’Hérodote, dont l’éloquence moins passionnée, dont le génie plus calme, plus riant adopta le dialecte ionien, si doux à l’oreille, si harmonieux au cœur et qui fait le charme des grandes poésies d’Homère !

Le caractère le plus saillant de Thucydide c’est