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ton et de ses amis ; il fonde la prose allemande, comme Calvin, son successeur, assure et fixe la prose française. Hans Sachs, cordonnier poète, donne des ébauches de drames pleins de naïveté et d’énergie, mais sans art et sans poésie. Les hommes remarquables abondent en Allemagne ; mais elle n’a pas de littérature.

Quand l’Allemagne plus tranquille regarde enfin autour d’elle, elle s’aperçoit qu’on l’a dépassée de toutes parts. Au Tasse, à l’Arioste, à Montaigne, à Rabelais, à Shakspeare, à Bacon, à Cervantès, à Caldéron, à Milton, à Dante, elle ne peut opposer que le nom de ce moine athlète qui s’appelle Luther. L’exemple de tant de chefs-d’œuvre au lieu de l’encourager l’écrase. Tour à tour elle se modèle sur l’Italie, sur l’antiquité, sur la France. Quelques poètes, à la tête desquels il faut citer Opitz et Flemming, ont de la sagesse et de l’élévation. D’autres, comme Hoffmann d’Hoffmanswaldau ne se distinguent que par l’afféterie et le mauvais goût. Leibnitz, génie éclectique, trouve la langue nationale si peu formée et si