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l’idéalisation du désespoir à laquelle l’Allemand Klinger, l’Anglais Byron, souvent Schiller et même Gœthe ont dû quelques-unes de leurs inspirations les plus hautes.

Les vieilles traditions germaniques, colossales et frustes dans l’Edda et le Ragnarokur sont déjà modifiées et soumises aux lois d’un art plus savant dans le poème épique des Niebelungen, rédigé vers le milieu du treizième siècle. Cette iliade des forêts alamanniques et des grottes scandinaves, a pour sujet principal la vengeance ; elle justifie son titre : Niebelungen, « Les enfants de la nuit. » Deux mots suffisent au poète pour indiquer un caractère ; les contours sont durs, profonds, d’une simplicité qui étonne et d’une profondeur qui effraie. On aperçoit au fond de la scène la migration des peuples barbares, Attila et sa cour sanglante ; sur le premier plan, la passion de deux femmes qui sert de mobile au drame entier ; puis dans une vaste galerie que le poète ouvre à vos yeux « du sang et de la joie, de la grandeur et du meurtre, des noces et des ca-