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Maître d’un art qui vient à peine d’éclore, il l’emploie pour embraser le cœur des citoyens, pour dire le grand roi vaincu par les républiques, l’orgueil de l’indomptable liberté, la sainteté des traditions grecques et la grandeur des souvenirs du pays. Hérodote, que l’on peut nommer l’Homère de l’histoire, accomplit la même œuvre avec une charmante simplicité ; léguant à la fois aux siècles futurs la gloire de ses concitoyens, les choses remarquables que ses voyages lui ont apprises, les traditions et légendes des races étrangères, leurs préjugés et leurs mœurs ; satisfaisant la curiosité naïve des Grecs et donnant l’exemple d’une abondante et facile narration : il est le modèle des chroniqueurs ingénus.

La carrière de la civilisation grecque est ouverte ; les grands hommes y marchent d’un pas rapide. L’art primitif d’Hérodote, d’Eschyle et d’Homère subissent une transformation : le culte du beau se conserve en s’épurant. La mâle piété de Sophocle, sa moralité passionnée, sa noblesse pathétique, l’harmonie parfaite de ses concep-