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pour la prospérité des empires, elles peuvent tout pour le malheur des peuples. Ce fut une époque fatale d’imagination et d’aveuglement : les ombres sortaient de leurs tombeaux, les démons se faisaient esclaves de l’homme au prix de son âme, la science enseignait des paroles pour évoquer les esprits, et à sa voix des armées de fantômes apparaissaient sur toute la terre. Alors une lutte terrible s’engage entre le monde des morts et le monde des vivants ; on eût dit que le ciel et l’enfer se disputaient une seconde fois l’empire. Partout où Satan se montre les échafauds s’élèvent, les bourreaux frappent, les bûchers s’allument. Cette lutte toujours sanglante dura plusieurs siècles, et pendant tout ce temps, prêtres, rois, peuples, savants, magiciens, combattirent dans les ténèbres !

Tels furent les mauvais fruits des sciences occultes. Comment le peuple aurait-il pu douter de la magie, lorsque ses enchantements se trouvaient attestés par le droit romain, le droit Canon[1], les

  1. Voyez Du Perray, de la Capacité des Ecclésiastiques, liv 1er, chap. 7.