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pèrent le grand homme au cœur. Dès ce moment sa capacité militaire, ses vertus, ses services, tout disparut aux yeux de la cour. « Le roi, dit Saint-Simon, ne vit plus en lui qu’un insensé pour l’amour du public, qu’un criminel qui attentait à l’autorité de ses ministres, par conséquent à la sienne. Il s’en expliqua de la sorte et sans ménagement. »

Le bruit en retentit jusque dans la finance offensée, qui abusa étrangement de son triomphe, et le malheureux maréchal, abandonné de ses amis, repoussé par la cour, méconnu du roi, voyant qu’il fallait renoncer à tout le bien qu’il avait cru possible, n’ayant plus d’espoir ni pour lui, ni pour le peuple, ni pour l’humanité, s’éloigna du monde, et, consumé d’une affliction que rien ne put adoucir, mourut peu de mois après, dans un abandon, dans un isolement dont l’ingratitude humaine n’offre peut-être pas un second exemple. « Le roi fut insensible à cette nouvelle, jusqu’à ne pas faire semblant de s’apercevoir qu’il eût perdu un serviteur si utile et si illus-