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cette multitude de vaisseaux, ceinture animée du globe. Les uns ont le soleil au zénith, les autres ne le voient qu’à l’horizon, ou voguent aux lueurs des aurores boréales. Tous vont distribuer les productions des divers pays entre des peuples qui ne se sont jamais vus. Le triste Lapon dissipe ses ennuis avec le tabac que lui envoie le planteur brésilien, et il pare sa compagne d’un mouchoir teint en rouge sur les bords du Gange. L’hermine tuée dans les neiges du Kamtschatka enrichit le doliman des princes de l’Asie, et le nègre de l’Afrique échange sa poussière d’or contre des barres de fer coulées en Sibérie ou des feuilles de papier blanc qu’il croit faites avec les lames de son ivoire. Partout où l’homme peut pénétrer, il est sûr de rencontrer quelques richesses nouvelles. Ici ce sont des moissons de cannes à sucre, là des prairies d’indigo bleuâtre et des forêts de cotonnier. Ailleurs la cochenille, ailleurs le cannellier ; plus loin les gousses du cacao et les siliques de la vanille. Un cercle de thé fume depuis la Chine jusqu’en Angleterre, et les parfums de la fève de Moka se répandent à la fois sur l’Asie et sur l’Europe, tandis