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pensée. Le vainqueur d’Ivri et de Coutras rêvait la paix universelle : tous les grands États de l’Europe se seraient fédérés sur le modèle des petits États de la Suisse, et de cette réunion de tant de royaumes divers on aurait vu sortir la république européenne. Une armée formidable devait maintenir l’ordre au dehors ; au dedans un sénat de rois aurait jugé les différends des rois. Projet sublime, tranché par le poignard d’un assassin, mais qui heureusement ne fut pas perdu pour l’humanité. Fénelon le recueille dans le Télémaque où il complète les institutions de Salente, et l’abbé de Saint-Pierre en fait le sujet d’un de ces livres qui lui ont mérité le titre d’homme de bien. Aujourd’hui cette sainte pensée est tombée du cœur des sages au cœur des peuples, et le jour n’est pas loin où elle fera sa révolution dans le monde civilisé. Alors l’Europe ne formera plus qu’une seule nation partagée en douze ou quinze gouvernements libres, les États-Unis du vieux monde. Alors plus de guerre, plus de ravages, plus de condamnation à mort prononcée par un homme contre un peuple ; plus d’armées chargées d’exécuter la sentence