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Une vraie folie saisit la population, les uns fuyant la bête irritée, les autres la poursuivant pour l’exciter encore. Malheur aux vitres des boutiques ! Les taureaux, tête basse, rendront visite aux joailliers, chargeront les têtes de cire des vitrines du barbier, feront des milliers de castagnettes avec les plats et les assiettes du marchand de faïence…. Les tables des cafés danseront des sarabandes. Il arrive parfois que les dégâts sont considérables. Et tout le monde en Arles n’aime pas l’abrivade.

Ce n’est pas tout. Le taureau, ahuri, au milieu des frappements des portes qu’on ferme, sous les projectiles de toutes sortes dont on l’assaille, tournant à chaque minute sur lui-même pour faire face à quelque nouvel ennemi, — le pied martyrisé par le pavage en galets pointus, lui, habitué aux terrains marécageux, — bientôt perd la tête, se lasse, s’attriste…. Un moment vient où, s’il était dans le cirque, il serait