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MAURIN DES MAURES

et de nos devoirs. Nous naissons à peine à la liberté. Nous grandirons. Laissez faire. Et, en attendant, rions de ce qu’il y a de risible, même dans nos malheurs. Voyons, monsieur Cabissol, encore une histoire drôle !

— Connaissez-vous celle de la Poule verte ?

— Non, dit Maurin.

— Non, dit M. Rinal.

Pastouré secoua négativement la tête.

— Oyez-la donc, dit M. Cabissol, il m’est arrivé d’en rire tout seul.

Et il conta ce qui suit :

LA POULE VERTE

— Il se passe souvent, dans le vaste monde, des choses bien extraordinaires.

« J’ai connu, voici quelques années, un vieux gavot, un paysan de la montagne, qui s’appelait Marius-Sidoine Cabasse.

« Cabasse vivait dans la bastide où il était né, en pleine Provence des clapiers, dans l’odeur de la farigoule, là-bas, là-bas, plus loin que Draguignan. Cabasse n’avait jamais rien vu au delà des clapiers qui formaient tout l’horizon de sa bastide. Où la chèvre est attachée, il faut qu’elle broute, — quand ce serait sur un toit.

« Il y avait, à la même époque, dans les forêts de l’Amérique, un jeune perroquet qui vivait, mangeait, buvait, voletait, jacassait en oiseau libre.

« Il arriva que ce perroquet fut capturé et vendu à un matelot de Marseille. À partir de ce moment, sans le savoir, pechère ! ce joizeau, c’est-à-dire cet « oiseau » brésilien se mit à cheminer, chaque jour un peu, par