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MAURIN DES MAURES

— Je désirais vous voir, dit le comte.

— Payez-vous-en ! fit Maurin en repoussant d’un revers de main son chapeau sur sa nuque… J’en vaux la peine. Tel que vous me voyez, il n’en existe pas deux comme moi, dans le pays du moins.

— On parle de vous, même à Paris !

— On est bien bon, monsieur le comte. En dit-on du bien, au moinsse ?

— Du bien et du mal, comme de tout homme.

— Allons, ça me fait plaisir… Comme ça, vous me reprenez les petites bêtes ?

Il élevait les faisans à bout de bras d’un air de regret.

— Non, Maurin, je vous les offre, car je sais qu’ils vous sont commandés. Je voulais voir si vous étiez l’homme qu’on m’a dit, et capable de croire à une parole qu’on vous donne.

— Eh bien ! vous avez vu ! Mais, puisque vous êtes si aimable vous en accepterez au moins un… je l’ai en trope !

— Merci. Je l’accepte. Je suis content que vous ayez confiance en moi. Celui qui se fie à la parole des autres sait, à coup sûr, tenir la sienne.

— Oh ! dit Maurin, rien qu’à votre figure, j’ai compris que je pouvais…

— Et si je vous demandais de ne plus tuer de mes faisans ?

— Je n’aimerais pas beaucoup vous promettre ça, dit Maurin… Bah !… voyez-vous, monsieur le comte, je viens si rarement que ce n’est pas la peine d’en parler. Je n’abuse pas !

— Je l’espère bien. Voyons, Maurin, combien en voulez-vous par an, de mes beaux faisans ?

— Ne fissons (fixons) rien, que vous y perdriez. Les