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MAURIN DES MAURES

établis ne l’ont jamais pardonnée, et les républiques pas plus que les autres ; car c’est une sottise de croire qu’il existe une forme de gouvernement qui impose la pratique des vertus ! Même de bonnes lois ne sauraient assurer de bonnes mœurs… Tâchons de sauver Maurin !… Du diable si le brave homme se doute de l’idée que nous avons de lui… Au revoir, monsieur.

— Toute réflexion faite, dit M. Cabissol, je ne verrai pas Maurin. Vous aurez sur lui, et pour cause, plus d’influence en tout ceci que personne.

Il se trouva que le soir même, à la nuit close, Maurin entrait dans sa bonne ville de Bormes par la partie haute, évitant ainsi de passer devant la gendarmerie qui est au bas de la ville, et qui, — il n’en pouvait pas douter, — avait, comme celle d’Hyères, l’ordre de l’arrêter, le cas échéant.

Il allait voir M. Rinal et s’informer de son fils ; il fut heureux d’apprendre que le petit montrait de l’intelligence et du cœur ; il remercia avec effusion le vieux savant et reçut enfin de lui les conseils et les bons avis qui venaient de la préfecture.

Quant à l’idée de poursuivre les deux évadés et de les capturer sans l’aide de la gendarmerie, elle lui était venue toute seule à lui-même, par la raison, confia-t-il à M. Rinal, qu’ils avaient, à sa connaissance, insurté (insulté) une femme, et même une jeune fille, de ses amies… Lorsqu’il songeait à eux, il ne les appelait plus lui-même que les insulteurs de Tonia, et le sang lui bouillait de colère.

— Bravo !… tout cela est d’un chevalier français… ou maure ! répliqua en riant le bon M. Rinal.

Puis Maurin alla embrasser son fils chez les braves