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MAURIN DES MAURES

celles à qui on dit des « madame » gros comme le bras. Eh bé, quand on les embrasse, de la plus pauvre à la plus riche, elles sont toutes pareilles ! Et même des fois nos petites paysannes, elles valent mieux. Alors, messiés, je pense qu’il n’y a entre les hommes point de différence, à moins que ce soit dans le talent !  »

« Le mot « talent » est le mot provençal qui représente l’idée d’instruction, ou simplement d’intellectualité, ou encore d’intelligence. Ne voyez-vous pas bien que, grâce à des discours pareils, tenus dans tous les cabarets du département, l’influence du roi des Maures sur son petit champ d’action, vaste pour lui, est comparable, toutes proportions gardées, à l’action révolutionnaire de Napoléon Ier empereur ? La révolution n’avait coupé qu’une tête de roi, Napoléon mit le pied sur la tête de tous les rois. Je ne vois entre Maurin et ce grand civilisateur qu’une différence et à l’avantage de Maurin : Napoléon détestait et Maurin vénère les idéologues. C’est par l’intermédiaire de l’un d’eux, et non des moindres, que je ferai communiquer vos instructions à Maurin, si je ne le vois pas en personne. »

Le préfet s’étonna. Cabissol lui expliqua les relations de Maurin et de M. Rinal.

— Ce M. Rinal, lui dit-il, vous l’avez vu à Bormes, le jour de l’enterrement de Crouzillat…

— Ah ! oui.

— Eh bien, je vais lui parler.

M. Cabissol se présenta, dès le lendemain, chez M. Rinal et lui exposa ce qu’il fallait faire entendre à ce brave Maurin :

Maurin devait se garder de tout acte de révolte, se conserver au service de la République, faire campagne,