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MAURIN DES MAURES

CHAPITRE XXIII


Entre un conditionnel et un présent, entre « je m’en flatterais » et « je m’en flatte », il n’y a pas, pour un bon gendarme, l’épaisseur d’un poil de barbe.


Maurin n’avait aucun engagement vis-à-vis de Tonia. Elle ne put lui faire reproche au sujet de cette histoire bientôt ébruitée. La Margaride, la première, la racontait volontiers. Ce fut le gendarme seul qui, de plus d’une manière, y perdit.

Aux yeux de Tonia, le gendarme apparut dès lors un peu ridicule. Et il n’eut pas le mérite d’avoir quitté sa maîtresse par respect pour sa fiancée. C’est la maîtresse qui l’avait quitté. Tonia ne manqua pas de railler Sandri, à mots couverts, sur sa malheureuse équipée ; et l’irritation du joli gendarme contre Maurin en fut accrue, tandis que le goût de Tonia pour Maurin, qu’elle n’avait plus revu, s’exaltait chaque jour un peu davantage.

Maurin disait quelquefois :

— Il est plus facile à un homme qui a une maîtresse d’en avoir plusieurs, qu’à un homme qui n’en a point d’en attraper une, et plus facile encore à un homme qui en a plusieurs de les avoir toutes !

Cependant Célestin Grondard s’entêtait dans ses soupçons contre Maurin. Un bouton de veste, trouvé sur le lieu du meurtre et ayant appartenu à Maurin, il