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MAURIN DES MAURES

justement et légalement, aux yeux du père de Tonia, homme de légalité et de discipline. Qu’Orsini eût conduit sa fille à la battue de l’Estérel, cela n’avait pas été pour plaire au gendarme. Et, bien que Sandri ignorât comment s’y était comporté Maurin, il était allé jusqu’à reprocher à Orsini son imprudence. Mais cette fois, le père s’était fâché.

— Ma fille est une honnête fille, et je ne suis pas un imbécile ! Tiens-le toi pour dit, Sandri.

— Je souhaite, avait répliqué le gendarme, de n’avoir pas un jour à vous prouver le contraire.

— Il est encore temps de nous dédire de notre promesse échangée. Je ne suis pas encore ton beau-père !

— Calmez-vous et pardonnez-moi, avait ajouté vivement Sandri qui ne voulait pas perdre Tonia.

— C’est bien ! avait conclu Orsini narquois… Tâche seulement de rompre avec la Margaride.

Le beau gendarme avait rougi. La Margaride était la belle servante d’auberge pour laquelle Sandri brûlait d’un feu coupable.

Après cette conversation, Sandri avait voulu « raisonner » Tonia. Il souhaitait que jamais plus elle ne parût dans une réunion quelconque où se trouverait Maurin.

De ce côté aussi, le gendarme avait été repoussé avec perte.

Tonia avait été d’autant plus fâchée de ses remontrances qu’elle se sentait en faute ; elle devait en effet reconnaître, dans le secret de son cœur, que l’ardent baiser de Maurin avait fait courir par tout son être une flamme de joie.