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MAURIN DES MAURES

— Bon… mais…

— Allez donc !

Alors Maurin gravement prononça :

— Est-ce que vous n’auriez rien à me demander ?

Le préfet reconnut qu’il était en présence d’un souverain.

Il répondit bravement :

— J’ai beaucoup à vous demander, au contraire.

— Alors, dites d’abord, fit Maurin… Quel zibier chassons-nous, pour voir ?

— L’époque des élections est toute proche, dit le préfet, et j’ai un candidat.

— Hum ! fit Maurin. Je m’en doutais. Et votre candidat, c’est ?… Est-ce que ça serait ce M. Labarterille qui chasse avec une casquette ronde comme un cantalou et couleur d’aubergine, une trompette et une si jolie dame ?

— Non, dit le préfet, en riant ; celui qui sonnait du cor ce matin pour se rappeler à lui-même les chasses royales, ça n’est pas celui-là mon candidat.

— Ah ! tant mieux.

— Pourquoi tant mieux ?

— C’est que, celui-là, dit Maurin, toujours très sérieux, sa femme me plaît, mais je n’aime pas sa trompette.

— Vous voulez dire son cor de chasse ?

— Je veux dire ce que j’ai dit, fit Maurin imperturbable. Mais, voyons, monsieur le préfet, je vais m’expliquer. Si votre candidat est de bonne couleur et la couleur de teinte solide, je marche — pas pour vous ni pour lui, mais pour mon peuple. Si, par-dessus le marché, il se trouve que ce candidat est le vôtre, j’en serai bien content parce que vous me plaisez assez, mais si votre