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MAURIN DES MAURES

CHAPITRE XVI


Où l’on verra les motifs qui peuvent empêcher un braconnier d’accepter à dîner chez un préfet et ceux qui font de la préfecture du Var la meilleure de France.


Pendant que la calèche emportait les gros personnages, la troupe des chasseurs rentrait à pied à Saint-Raphaël où Maurin et Pastouré étaient les hôtes d’un vieux pêcheur qui habitait une bicoque dans la plaine de Fréjus ; celui-là même qui, en souvenir de sa fille morte, avait donné à son bateau ce nom émouvant : Je l’aimais.

M. Cabissol avait voulu revenir à pied avec Maurin. Il le prit un instant à part et lui dit :

— Mon cher Maurin, un avertissement ! J’ai parlé au préfet de votre affaire avec les gendarmes.

— Mon affaire avec les gendarmes ?… Laquelle ? dit Maurin un peu narquois.

— L’enlèvement des chevaux. Ç’a été très difficile à arranger. Le parquet a résisté. Le commandant de gendarmerie aussi. Votre exploit, la prise d’un évadé, n’a pas raccommodé les choses, au contraire. La gendarmerie trouve mauvais que vous soyez plus adroit qu’elle.

— Alors ? dit Maurin.

— Alors, M. le préfet, qui vous estime beaucoup et qui ne peut pas vous parler de cela lui-même, vous conseille d’éviter tout démêlé avec la force armée