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MAURIN DES MAURES

— À moi maintenant ! dit Maurin.

Et il exécuta le même tour de prodigieuse adresse. Seulement, pendant que le fusil virait en l’air, il lui fit un pied de nez :

— Voilà, dit-il, comme nous sommes, nous autres, chasseurs de casquettes… Allons, messieurs, aux sangliers maintenant !

Les invités, stupéfaits, se demandaient à quels diables d’hommes ils avaient affaire.

— Quelle imprudence ! fit la Parisienne avec une jolie moue.

— En route ! cria Maurin.

C’était sur les hauteurs que les sangliers étaient logés. Maurin et les Pons les avaient « tracés » la veille, c’est-à-dire qu’ils avaient relevé les traces à vue, sans le secours d’aucun limier. Ils étaient sûrs maintenant que les fauves occupaient tel point précis de la montagne.

Ils disposèrent leurs chasseurs en conséquence. Il y en avait bien une cinquantaine, qui furent disséminés dans la montagne, sur tous les points où pouvaient passer les fauves. Tous les passages étant gardés, il fallait qu’un des chasseurs au moins vît et pût tirer les sangliers.

En arrivant sur le terrain de chasse, Maurin, suivi de Pastouré muet comme une carpe, avait tout de suite pris les allures d’un chef à qui tout le monde doit obéir. Il disait au général :

— Vous, restez là, derrière ce rocher, et ne bougez pas. Et silence !… Et surtout ne fumez pas.

Il disait au préfet d’une voix basse :

— Vous, venez avec moi. Vous aurez un des meil-