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MAURIN DES MAURES

CHAPITRE XIV


À Corse entier, Corsoise et demie.


Le brigadier Orsini fumait sa pipe, seul, dans la maison forestière, quand Alessandri frappa à la porte.

— Entrez ! Tiens, vous n’êtes qu’un ? Les gendarmes, d’ordinaire, ça va par deux.

— C’est, dit Alessandri, que j’ai à vous parler d’une affaire de famille. Et mon camarade m’attend à la cantine, avec les chevaux.

— Bon ! dit l’autre qui le vit venir. Ma fille n’est pas là.

— Orsini, nous sommes pays, dit le gendarme, avec résolution et, dans notre île, on est loyal et hardi.

Orsini approuva d’un signe de tête.

— Nous sommes pays, reprit le gendarme avec force, et, sur le continent, tous les Corses sont frères.

Orsini approuvait toujours.

— C’est, par conséquence, une bonne chose pour moi d’être votre pays, vu la demande que j’ai à vous faire. Également, nonobstant la différence de nos uniformes, nous portons tous deux le bouton du militaire. C’est encore pour nous une raison de fraterniser. J’ai un peu d’économies, pas beaucoup ; et vous, ça doit être à peu près de même. Nous sommes deux bons Corses et deux bons soldats. Voulez-vous être mon beau-père et me présenter aujourd’hui comme fiancé