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Or, Christ, ressuscité depuis dix-huit cents ans,
Vient de mourir encor, mais d’une mort tout autre :
Et dans ce siècle obscur il a plus d’un apôtre
Et plus d’un pèlerin dans les doutes présents.

Nos Scribes, attachés à la lettre du Livre,
Par sottise les uns, d’autres par intérêt,
N’ont plus ni les rigueurs ni l’amour qu’il aurait ;
Mais dans la nuit qui vient nous le sentons revivre.

Il vit. La nuit immense a beau venir sur nous,
Ténèbres de l’esprit qui nie et qui calcule,
Nous avons beau sentir, dans l’affreux crépuscule,
Défaillir à la fois nos cœurs et nos genoux.

Chacun de nous revoit, dans la nuit de son âme,
Ce fantôme divin, pur esprit, noble chair,
Qui nous a fait tout homme et tout enfant plus cher,
Notre mère plus tendre et plus douce la femme.