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C’est le vray naturel des Dieux.
Comme vostre grace est celeste
Il falloit aussi que le reste
Et la pitié feust nee aux Cieux.
Bienheureux est celuy qui donne,
Qui pardonne est deux fois vaincueur
Et le pardon est dure peine,
Encor plus heureux qui pardonne,
La grace est marque souverayne
Quant elle atache un brave cueur.


IX.

Pleurez avec moy, tendres fleurs,
Aportez, ormeaux, les rosees
De vos mignardes espousees,
Meslez vos pleurs avec les pleurs
De moy désolé qui ne puis
Pleurer autant que j’ay d’ennuis !
Pleurez aussi, aube du jour :
Belle Aurore, je vous convie
A mesler une doulce pluye
Parmi les pleurs de mon amour,
D’un amour pour qui je ne puis
Trouver tant de pleurs que d’ennuis !
Cignes mourans, à ceste foys
Quittez la Touvre Engoumoisine
Et meslez la plainte divine
Et l’aer de vos divines voys,
Avec moy chetif qui ne puis
Pleurer autant que j’ay d’ennuis !
Oiseaux qui languissez marris,
Et vous, tourterelles fachees,
Ne comptez aux branches sechees