Page:Agrippa d'Aubigné - Œuvres complètes tome troisième, 1874.pdf/91

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Ny Niobé, ny Artemise
Sur les cendres de son mary.
Helas ! je congnois bien ma faute
Et la ferois encor’ plus haulte
Qu’elle n’est, si je le pouvois :
Mon ame en parlant en est folle
Et je soubsonne ma parolle
De pecher encor’ une fois.
Non, je ne puis couvrir ma honte,
Et quant mon forfait je raconte,
L’excuse, l’esprit me default,
Combien que le vulgaire estime
Qu’il ne peult y avoir de crime
Ou l’imprudence seule fault.
Mais quand je voy’ que vostre grace
Et les soleils de vostre face
Pourtant ne m’ont abandonné,
Lors, mon ame plus criminelle
Son affliction renouvelle
Pour estre sitost pardonné.
Ainsi vostre pitié m’accable,
Et vostre douceur agreable
Me condemne indigne de vous,
Car si ma faute estoit petite,
Elle s’accroit quant elle irrite
Un esprit si calme & si doux.
Le pardon suit la repentance,
Le repentir la congnoissance
Et la honte de son peché ;
Vous pardonnez donc bien, maitresse,
Car je doubleray ma vitesse
Aprés avoir un coup brunché.
Pour une simple penitence,
Pardonner celuy qui offence,