Page:Agrippa d'Aubigné - Œuvres complètes tome troisième, 1874.pdf/207

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

A quoy cet euil qui luit
S’il ne m’aproche ? à quoy ces bras s’ils ne m’accolent ?
Helàs ! elle s’eslogne & s’enleve & s’en fuit,
Pareill' aux vens légers & aux songes qui volent
Au vague de la nuit !


XLI.


INVECTIVE D’IMPATIENCE D’AMOUR.
Astres paresseux, dormez vous ?
Hastez voz ambles, vieilles Heures,
Que je ne pique voz demeures
Des aiguillons de mon courroux.
Courez au secours de l'amant,
Tournez le sable ou au moins l’urne,
Bastardes du coqu Saturne
Qui vous fit yvre ou en dormant.
Vous volez la nuict & le jour
Quand la Mort par vous est servie.
Vous serviez à regret ma vie,
N’ayant point d’aelles pour l'Amour,
Rien n’est au brave combatant
Si fascheux q’une longue treve,
Il n’y eut jamais nuict si breve,
Jamais un jour ne dura tant !
Volans impatiens Amours,
Phebus vous apelle en justice,
Car il dit que c’est son office
D’abreger ou croistre les jours.
Mais qu’est ce qui peut retarder
Des Cieux la course mesuree ?
Cachez la beauté desiree,