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ODES 185.

Et elle d’un oeil desdaigneux
Tourne le dos au rechigneux,
Espanouifsant à la veuë
Du beau soleil sa beauté nue,
Luy fait voller mille soupirs
Dessus les aelles des Zephirs.
Cependant que Saturne assemble
La teste & les genoux ensemble
Et autour du feu se plaignant,
Regarde tout en rechignant,
Apollo à la barbe blonde
Visite la beauté du monde,
Donne à la terre ses beaux jours,
Croist ses beautez de ses amours,
Luy donne de mille estincelles
Ses feuz, ses chaleurs naturelles,
Prend la moitié de son ennuy.
II est son ame, elle de luy
Qui recongnoissant bien les choses,
Luy ouvre son beau sein de roses
Et en loier de ses chaleurs
Luy offre du baume & des fleurs.
Elle le retire & desguife,
Lorsqu’il se fait pasteur d’Amphrise,
Et pour le fouldre descoché
En son sein elle l'a caché.
Puis le soleil anime encore
Les perles que la nuit adore,
Offrant mille & vingt deux feuz
A la belle Ops & à ses yeux,
Nez à la servir, à luy plaire.
De là vient mainte nuit plus claire
Qui favorise leurs amours
Et qui incline par leurs cours