Page:Agrippa d'Aubigné - Œuvres complètes tome troisième, 1874.pdf/188

Cette page n’a pas encore été corrigée

184 LE PRIMTEMS DU SIEUR D’AUBIGNÉ.

Rehaussant son beau sein paré
De l’or & du jaune doré,
Coulleur de Cibelle amiable,
Coulleur à Phebus agreable :
Et puis quant l'automne est venu,
Cuillant le riche revenu,
Les rentes que luy doit Pommone,
Encore elle pare l'autonne.
Le printemps a heu les desirs
Et l'autonne prend les plaisirs,
C’est lors qu’elle presse & agence
Aux cornes de son abondance
Un million de fruitz pressez
De sa blanche main agencez.
Et puis, quant l’yver plain de glace
Pence triumpher de sa face.
Massacrant l'honneur de la branche,
Elle prend une robe blanche
Plus belle que les prez floris,
De plus d’esclat que les espis,
Et lors en pais elle s’adonne
A gouster les fruitz de l'autonne,
Et deffoubz sa blanche beauté
Joist du chault labeur d’esté,
Et en pais sent la joissance
Du printemps & de l'esperance.
Toute blancheur, tout ornement
S’acompare à son vestement.
Son Saturne, plus froid que glace,
Fronçant le moisy de sa face,
Gratte d’ongles crochuz & longs
Les crasses de ses gros sillons.
Le vieillard ne peult faire chere
A la belle Opis, nostre mere,