Page:Agrippa d'Aubigné - Œuvres complètes tome troisième, 1874.pdf/175

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ODES 171.

Là nostre amoureux langage
Nous plaist plus que le ramage
De ces musiciens oiseaux
Qui sont là nos maquereaux.
Je cueille mieux que l'abeille
La fleur en laissant la feille,
Là d’un éternel baiser
Puisse ma bouche arroser
D’une plus douce rozee
Que la fleur n’est arrosee,
Là les ruisseaux de nos pleurs
Mouillent les vives couleurs
De la beauté qui fait honte
Aux fleurs & les fleurs surmonte.
Au paradis de son teint.
Comme en mon jardin est paint
Un beau printemps de fleurettes.
Les oeilletz, les violettes.
Les roses & les boutons
Fleurissent sur ses tetons :
Là, je cuille l'encholie
Qui martirise ma vie.
J’y prens, j’y metz mon soucy,
La pensée y est aussi.
L’herbe au soleil s’y espreuve,
Car tousjours mon oeil se treuve
Suivant ma dame & son oeil.
De mon humeur le soleil.
Douces fleurs espanouies,
Que mes amours & vos vies.
Vos beautés & mon amour
Ne soient fenez en un jour !