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133 ODES.

Et mon ame plus ne la craint.

Ainsi d’une cause si bonne

Ma peine n’est plus inhumaine,
Sinon quand moins votre œil m’en donne,
Et pour la fin de mes ennuys
L’ame est friande de ma peine,
Le corps lassé dict : Je ne puis(1).


VIII.


En voyant vostre beau pourquoy n’ay je pas veu,

Pourquoy en vous craignant mon ame si craintive
N’a cogneu que l’esclair d’une blancheur si vive
N’estoit rien que neige, que feu ?

Que mon cueur perdit bien par les yeux la raison,

Prenant la vie esclave & délassant la franche,
Car il vit vostre gorge & fi belle & si blanche
Qu’il en fit sa belle prison !

La neige vous siet bien, & non pas la froideur :

Neige qui as couvert le sein de ma divine,
Possede le dessus de sa blanche poitrine,
Mais ne touche point jusqu’au cœur !

N’abandonne ce cœur, belle & vive clairté

Qui rend de ce beau feu la blancheur vive & claire,
Enclos ce qui me brusle & non ce qui m’esclaire,
La flamme & non pas la beaulté.

Gorge de laict, mon œil de ta neige est friant,

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1. Ces quatre dernieres strophes sont marquées à la marge du manuscrit d’une ligne, d’une sorte d’accolade. L’auteur veut-il dire : à supprimer ? On voudrait le croire, mais ce n’est là qu’une conjecture. Ce signe se retrouve encore devant quelques pages ou quelques strophes.