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Une vieille maquerelle
Me dressa une querelle
Passant en poste à Chalon,
Soutenant sa chambrière
Qui parloit d’une courriére
Et de seur d’Apollon.

J’enrage que ma Diane
Passe en la bouche prophane
Du vulgaire sans renom,
Car je n’escris autre chose
Et le plus souvent je n’ose
Par respect nommer son nom.

Pour facille ne te faire,
Mon filz, ne prens le contraire,
Car tu dois plus desirer
De contenter que desplaire,
Et vault beaucoup mieux se faire
Bien entendre qu’admirer.

Ces périfrases obscures
Sont subjectes aux injures,
Et on leur peut répliquer
En les reduisant en cendre :
« Tu ne veux te faire entendre,
Je ne veux pas expliquer. »

Avecq’ plus de patience
Repren' la rude ignorance
D’un mal apris artisan
Qu’une morgue trop ponpeuse
Et la dent anbitieuse
D’un esventé courtisan