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HISTOIRE

au salut commun, inscrire dans ses pages deux noms seulement : le nom du Peuple qui a tout sauvé, et le nom de Dieu qui a tout béni sur les fondements de la République. »

Après M. de Lamartine, M. Ledru-Rollin fut le plus applaudi de tous les membres du gouvernement ; mais ce n’était là qu’une démonstration trompeuse et qui ne cacha pas longtemps les véritables dispositions de l’Assemblée à son égard.

Une partie des hommes qui avaient formé la majorité du conseil, quelques-uns de ceux qui appartenaient à ce qu’on appelait alors la politique du National, voulaient à tout prix exclure M. Ledru-Rollin de la formation d’un nouveau pouvoir exécutif. À mesure que les représentants, médiocrement favorables à l’auteur des circulaires, arrivaient à Paris, on les travaillait dans ce sens et on les gagnait à l’idée que le premier acte de l’Assemblée devait être une désapprobation manifeste de la politique de M. Ledru-Rollin. Des efforts inouïs furent tentés dans ce sens auprès de M. de Lamartine, mais il demeura inébranlable ; rien ne put le décider à abandonner M. Ledru-Rollin. Non-seulement, depuis le 16 avril, il se considérait comme engagé d’honneur à le soutenir, comme il en avait été soutenu, mais encore il croyait, beaucoup plus que personne, à la puissance de l’idée révolutionnaire, et il estimait très-impolitique de repousser du gouvernement l’homme en qui se personnifiait alors la révolution.

La combinaison du National fut proposée, le 9 mai, à l’assentiment de l’Assemblée, par MM. Jean Reynaud, Trélat et Dornès. Voici le texte de cette proposition : « L’Assemblée nationale constituante reçoit le dépôt des pouvoirs extraordinaires conférés au gouvernement provisoire constitué le 24 février dernier ; elle déclare que ce gouvernement, par la grandeur des services qu’il a rendus, a bien mérité de la Patrie.

« L’Assemblée nationale constituante étant investie de la souveraineté populaire dans sa plénitude, le gouverne-