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DE LA RÉVOLUTION DE 1848.

par un long et retentissant écho. Après quoi l’Assemblée passa dans les bureaux pour procéder à la vérification des rapports. Lorsqu’elle rentra dans la salle, M. Démosthène Ollivier, représentant des Bouches-du-Rhône, demanda que chacun des membres jurât individuellement fidélité à la République ; mais cette proposition, combattue par M. Crémieux, qui flétrit avec beaucoup de verve le scandale si souvent renouvelé dans notre histoire des serments prêtés et trahis, fut en quelque sorte étouffée sous une acclamation unanime. L’Assemblée se leva spontanément en criant : Vive la République ! « Vos applaudissements, reprit M. Crémieux, qui n’avait pas quitté la tribune, disent assez ce qui est dans nos cœurs, qu’avons-nous donc besoin de le mettre sur nos livres ? » Un cri nouveau de : Vive la République ! éclatant à plusieurs reprises dans la salle, exprima l’assentiment de l’Assemblée à ces paroles et termina ce premier incident.

Il était environ quatre heures. À ce moment, le général Courtais parut à la tribune et demanda à l’Assemblée de se rendre sous le péristyle du palais qui fait face à la place de la Concorde, afin d’y proclamer la République en présence du peuple. Malgré une légère opposition de la part de quelques représentants, qui prétendaient qu’on ne devait pas interrompre la vérification des pouvoirs, l’Assemblée quitta ses bancs et se rendit en masse sur le péristyle. Rien ne saurait rendre l’émotion profonde avec laquelle le peuple, qui depuis plusieurs heures attendait ce moment solennel, accueillit ses représentants.

Des drapeaux de l’armée et de la garde nationale avaient été apportés. M. Audry de Puiraveau proclama, au nom du Peuple et de l’Assemblée nationale, la République démocratique. Un transport d’enthousiasme couvrit sa voix ; des larmes mouillaient tous les yeux ; les mains se cherchaient et s’étreignaient sans se connaître, dans une indicible émotion de confiance et de joie.

L’Assemblée rentrée dans la salle, M. Trélat constata en