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DE LA RÉVOLUTION DE 1848.

les cris hostiles aux personnes, c’est-à-dire les cris de À bas les communistes ! poussés par la garde nationale pendant la journée du 16 avril. Un décret supprimait les droits d’octroi sur la viande de boucherie et modifiait le droit d’octroi sur les vins. Un autre décret mettait à la retraite soixante-cinq officiers supérieurs de l’armée. On proposa même dans le conseil de reprendre le drapeau rouge, mais la majorité, et en particulier M. Arago, s’y opposant avec force, les choses restèrent dans le premier état.

Ces concessions de la majorité à la minorité apaisèrent pour un moment les colères. M. Ledru-Rollin surtout s’adoucit. On le vit alors fréquemment chez M. de Lamartine. Le ton des Bulletins changea du tout au tout. « Quant aux communistes, disait le numéro du 20 avril, attribué à madame Sand, contre lesquels se sont fait entendre des cris de réprobation et de colère, ils ne valaient pas la peine d’une démonstration. Qu’un petit nombre de sectaires prêchent le chimérique établissement d’une égalité de fortunes impossible, il ne faut ni s’en étonner ni s’en effrayer. À toutes les époques, des esprits égarés ont poursuivi, sans l’atteindre, la réalisation de ce rêve[1], etc. »

M. Louis Blanc demandait de très-bonne foi une enquête sur la manifestation du 16 avril ; M. Ledru-Rollin, qui savait ce que deviennent les enquêtes, chargeait M. Landrin de poursuivre l’instruction[2]. Enfin, M. Caussidière, affirmant qu’il était sur la trace d’un nouveau complot de M. Blanqui, obtenait du gouvernement provisoire l’autorisation d’arrêter le grand conspirateur, ainsi que ses amis, MM. Flotte et Lacambre, et de les faire conduire tous trois à Vincennes[3]. L’importance que venait de prendre le géné-

  1. Voir la publication intitulée : Bulletins de la République émanés du ministère de l’intérieur, du 13 mars au 6 mai 1848.
  2. Dans le même temps, le club de M. Raspail demandait, qu’on fît connaître et poursuivre l’auteur du rappel qui avait, disait-il, jeté l’épouvante dans la capitale.
  3. Rapport de la commission d’enquête, v. I, p. 171. MM. de Larmar-