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HISTOIRE

moyennant quoi, du 12 au 20 mars, on avait fait des embrigadements supplémentaires de 1,000 ouvriers par jour. Le 28 mars, on annonça une revue générale des ateliers nationaux. M. Marie harangua les ouvriers, les combla de louanges, leur accorda l’élection de leurs brigadiers. M. Marrast ajouta ses louanges à celles du ministre. Son influence était devenue très-grande dans les ateliers. Chaque jour, par son ordre, MM. Buchez, Recurt, Edmond Adam avaient de longues conférences avec M. Émile Thomas. Enfin, de ce côté, le parti de la résistance se tenait pour assuré de garder à sa disposition une force considérable[1].

Dans la première semaine d’avril, M. Marrast s’occupa plus particulièrement de la défense de l’Hôtel de Ville. Deux bataillons de gardes mobiles bien armés et bien équipés y furent installés. Le général Bedeau et le général Changarnier aidaient M. Marrast de leurs conseils et lui dictaient des mesures stratégiques. Le général Changarnier surtout se montrait plein de zèle. À son arrivée d’Algérie, dans les premiers jours de mars, il s’était rendu tout d’abord chez M. de Lamartine, parce qu’il le considérait comme le moins révolutionnaire d’entre les membres du gouvernement provisoire et qu’il n’était pas éloigné, la guerre devenant fort douteuse, d’accepter une mission diplomatique, si l’on venait à la lui offrir. Sa surprise avait été grande d’apprendre, de la bouche du ministre, sa nomination aux fonctions de gouverneur général de l’Algérie, en remplacement du général Cavaignac, nommé ministre de la guerre.

M. de Lamartine insistait même pour que le général Changarnier repartit sur l’heure, et celui-ci avait témoigné plus d’humeur que de satisfaction de se voir ainsi éloigner du théâtre des événements. Il s’était plaint du mal de mer,

  1. Histoire des ateliers nationaux, par M. Émile Thomas, p. 147 et suivantes.