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DE LA RÉVOLUTION DE 1848.

publicain pour la liberté des élections, sous la présidence de M. Viennet, le club du dixième arrondissement, présidé par M. de Vatisménil, essayaient aussi, mais timidement, de tempérer le mouvement révolutionnaire. Enfin, l’un des fondateurs de la Réforme, M. Grandmesnil, ami particulier de M. Ledru-Rollin, réunit, le 2 mars, dans les combles de la préfecture de police, sous les auspices de M. Caussidière, un certain nombre d’hommes énergiques qui constituèrent, sous le nom de club des droits et des devoirs, une société organisée militairement, dont le but secret était de faire passer aux mains de M. Ledru-Rollin le gouvernement dictatorial de la République. Ce club se fondit plus tard avec la Société des droits de l’homme[1], présidée par M. Villain, et tint ses séances au Palais-National où il se prépara sans beaucoup de mystère au combat à main armée.

Bientôt tous les clubs sentirent le besoin de s’entendre et de centraliser leur action pour agir sur les élections qui approchaient et dont on pressentait le caractère peu révolutionnaire. Le club des clubs fut organisé dans ces vues par un nommé Longepied, et s’installa dans la maison qu’occupait M. Sobrier. Il se composait de trois délégués de chacun des autres clubs. Le ministre de l’intérieur lui alloua un crédit de 120,000 fr., afin qu’il pût envoyer dans les départements des agents secrets, chargés de surveiller l’action des commissaires officiels, de les seconder ou de les dénoncer suivant l’occasion[2], de faire une propagande active dans les villages, dans les régiments, dans

  1. La Société des droits de l’homme, qui fut un grand sujet de terreur pour les Parisiens, et que l’on croyait forte de 30,000 hommes, n’eut pas d’existence réelle et ne compta jamais que ceux qui prétendaient en être les chefs
  2. Il n’y eut pas moins de 450 agents envoyés par le club des clubs. Ils reçurent tous des instructions imprimées et touchèrent une solde de 5 fr. par jour. Il y avait parmi ces agents des sous-officiers chargés spécialement de désigner aux soldats les chefs suspects. (Voir le Rapport de la commission chargée d’examiner les comptes du gouvernement provisoire.)