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HISTOIRE

tique et le langage des anciens patriotes ; il aimait l’appareil militaire ; il croyait fermement ce que M. Ledru-Rollin ne parvenait pas toujours à se persuader ; que le gouvernement républicain devait se montrer jalousement exclusif, et qu’entrer en accommodement avec le temps, les hommes et les choses, ce serait une trahison à la cause démocratique.

On se rappelle le triste procès intenté au frère Léotade, dans le courant de l’année 1847. La ville de Toulouse en était encore tout émue. Les passions religieuses s’étaient réveillées en cette occasion avec une ardeur qu’on ne leur croyait plus. Catholiques et protestants, nobles légitimistes et bourgeois libéraux se retrouvaient en présence, armés de tous leurs préjugés, de tous les souvenirs de leurs anciennes luttes.

M. Jolly, défenseur des parents de Cécile Gombette, la victime de Léotade, était, le 26 février, à l’audience, où il se disposait à plaider, lorsqu’on lui remit une lettre qui lui apprenait les événements de Paris. D’autres correspondances, arrivées par le même courrier, annonçaient à plusieurs personnes présentes au palais la régence de madame la duchesse d’Orléans et le ministère de M. Odilon-Barrot. Le trouble causé par ces nouvelles fut si grand, qu’il fallut suspendre l’audience.

Les amis politiques de M. Jolly, qui l’attendaient à la sortie du palais, au nombre de quatre à cinq cents environ, décidèrent qu’il fallait faire la révolution à Toulouse et, sans attendre d’autres nouvelles de la capitale, proclamer, à leurs risques et périls, la république.

Aussitôt cette résolution prise, une vingtaine d’étudiants se répandent par les rues pour soulever le peuple. M. Jolly, à la tête d’une colonne de républicains, très-petite au départ, mais qui grossit en marchant, va droit à la place du Capitole, où la troupe, sans trop comprendre de quoi il est question, la laisse passer. Il entre dans la salle du conseil municipal qui, en l’absence du préfet, M. Duchâtel, admi-