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ET DÉPENDANCES.

planches rainées et bouvetées, le tout peint à l’huile, à l’intérieur comme à l’extérieur ; les portes et les fenêtres sont garnies de rideaux en mousseline blanche. Sur les planchers d’une irréprochable propreté s’étalent de belles nattes. Accrochés aux murs, quelques photographies et des mauvais chromos de provenance allemande ; une table et quelques sièges garnissent le salon.

Sans être luxueuses, les chambres à coucher sont meublées avec un confort suffisant.

Comme on s’apprête à mettre le couvert, et qu’on déploie déjà, à mon intention, la nappe d’une blancheur immaculée, j’interviens pour arrêter cette exhibition d’objets européens, priant mes amphitryons de me permettre leur simple dîner à la « tahitienne » ; on cède à mon désir et je suis la famille dans une case voisine, — « la faré poté », — de forme oblongue avec les extrémités en demi-cercle ou simplement arrondies, dans laquelle on se tient habituellement.

Sans m’attarder à la description détaillée de ce genre de maison, je dirai que les parois sont formées par des piliers qui supportent la charpente et entre lesquels sont fixés de fins roseaux tressés, entremêlés ou posés verticalement ; en face l’une ou l’autre s’ouvrent d’ordinaire, deux portes spacieuses, la toiture est en feuilles de pandanus attachées solidement et formant un tout de parfaite étanchéité.

Cette case, de 15 mètres de long sur 5 à 6 de large, était divisée en trois compartiments par deux clayonnages pareils à ceux de l’extérieur, la pièce du milieu servant de salle à manger, et celles de l’extrémité de chambres à coucher.

Sur le sol bien aplani se trouvaient des nattes, des matelas, des couvertures, tout le mobilier de nuit des indigènes.

La toilette de la salle du repas fut promptement faite et l’on disposa aussitôt sur une large natte plusieurs feuilles de bananiers, d’arbres à pain destinées à servir de plats et d’assiettes. On apporta des cocos pleins de leur lait, des bols contenant de l’eau pour boire, et le « miti ari », espèce de sauce ayant l’aspect et la consistance du lait, composée d’eau de mer, de coco râpé et de jus de citron ; c’est dans ce mélange que bientôt les mains tremperont les aliments composant le régal. A petite distance de la « faré poté »,