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ménien (Davoudenk), fondé en ces temps de troubles et qu’ont habité ses parents et ses amis.

De 1830 à 1840, lorsque Ibrahim-Pacha, le fils du grand Méhemmed-Ali, dominait toute la Cilicie, Zeïtoun conserva toujours son indépendance. Ibrahim qui, avant de conquérir un pays, allait souvent, déguisé, l’examiner de près, en passant par les monts d’Amanus, avait fait examiner les montagnes de Zeïtoun et s’était écrié : « Ces monts ne sont qu’un piège pour moi. »

En 1835, Ibrahim-Pacha essaya de s’emparer de Zeïtoun et de Hadjin, et envoya contre ces deux districts un régiment albanais. Mais à peine celui-ci était entré dans les gorges du Taurus, que les Zéitouniotes, ayant avec eux les Cozan-Oghlou, les repoussèrent victorieusement et désormais Ibrahim ne tenta plus de subjuguer le nid d’aigles.

Il avait même admis dans son armée un prêtre zeïtouniote qui s’était distingué par sa bravoure dans les luttes contre les Turcs et il l’avait nommé major. Ce prêtre s’appelait Der-Ohan Der-Hagopian, du quartier Gargalar de Zeïtoun ; mais les Arméniens et les Turcs le connaissent en général sous le surnom de Déli-Kéchihe[1].

  1. Déli-Kéchiche : veut dire en turc le prêtre fou. Un prêtre combattant semble si bizarre aux yeux des Turcs que s’ils en voient un ils le croient fou. Et c’est pourquoi plus d’un prêtre zeïtouniote a mérité ce surnom.