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ZEÏTOUN

sur le feu la viande passée à la broche, un autre fait le service, un troisième bande ses blessures, un quatrième nettoie ses armes, et les poètes, assis l’un en face de l’autre, chantent d’une voix vibrante. Un étranger se croirait dans une fête de noces, et ne pourrait pas penser que ces chanteurs et ceux qui les écoutent sont allés, ce jour-là même, exposer leur vie, et qu’ils ont perdu des amis et des parents. Le père, le frère ou le fils même de ceux qui sont morts dans le combat prennent part à cette fête héroïque ; mourir dans le combat est la chose la plus naturelle de la vie. Si quelqu’un veut consoler un Zeïtouniote en deuil, celui-ci répond : « Le combat n’est jamais gratuit », ou bien « le bœuf meurt, il laisse son cuir, le brave meurt, il laisse son nom » ; et ces deux expressions sont devenues proverbiales.

Les Zeïtouniotes chantent leurs avetch en temps de paix aussi, dans les festins, aux fêtes de fiançailles et de mariages, et pendant le pèlerinage. Parmi les villages de Zeïtoun, c’est Fournous qui produit le plus de poètes ; les gens de Fournous ont le goût plus affiné, le tempérament plus sensuel et passionné. Le maire de Fournous, Kévork Beldérian, est un achough célèbre, qui