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ZEÏTOUN

avec le fusil et le couteau, ils ont un violon ; ils constituent la musique militaire de ces troupes arméniennes ; ils sont partout ; pendant la guerre, ils se jettent au cœur de la mêlée pour se battre eux-mêmes et pour voir de près les actes des héros qu’ils vont chanter. Chaque fois qu’une trêve interrompt le combat, ils accordent leurs violons et se mettent à chanter la guerre, à immortaliser les héros, à exalter les combattants. Et le plus grand rêve, la gloire suprême pour le Zeïtouniote, c’est de mériter que son nom soit chanté par un achough.

Après le combat, les achough sont assis au milieu du cercle des combattants, ou bien ils sont dans les maisons, entourés des familles princières. Leurs chants sont souvent interrompus de cris de joie et d’acclamations. Ces chanteurs ne ressemblent pas aux achough mélancoliques de certaines provinces de la Grande-Arménie qui, assis au coin des caravansérails ou bien autour du foyer paternel, appuyant la tête sur une main, tenant de l’autre un mouchoir, chantent les souffrances et la misère des émigrés, la douleur des veuves et des orphelins. Ici, les chanteurs ont devant eux du vin et de l’eau-de-vie en abondance ; quelqu’un tourne,