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fin de l’insurrection pour ne pas amener une intervention européenne. La meilleure façon de rassurer les insurgés et de les encourager à résister, ce serait de connaître exactement la situation de l’armée et de l’état d’esprit du gouvernement, et nous ne pouvions avoir ces renseignements qu’en envoyant quelqu’un à Marache. Or, il n’était possible à personne, si courageux qu’on fût, de traverser l’armée qui cernait Zeïtoun de partout. Une femme se dévoua. C’était la nommée G…, la seule femme de Zeïtoun, qui avait eu plus d’un amant ; puissamment musclée, d’une âme ardente et intrépide, d’une beauté mâle et forte, elle avait passé une vie aventurière et irrégulière ; dans le temps, lorsqu’elle était gardienne de vignes à Adana, elle avait même, déguisée en homme, pratiqué le rude métier de brigandage, pour envoyer des secours à ses compatriotes, enfermés dans les prisons de la ville. Dès les premiers jours de l’insurrection, elle s’était enrôlée dans la bande des combattants. Elle accepta notre proposition avec joie. Elle se déguisa en femme turcomane, prit son long fusil à silex et partit à la tombée de la nuit. « Attendez-moi, mes enfants, dit-elle en partant ; grâce à Dieu, je vous apporte-