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fendre la ville et nos enfants ; et si les soldats arrivent, nous les déchirerons avec nos dents. » Il se trouva même des femmes qui, voyant leurs maris faiblir, leur arrachèrent les armes et se mirent à se battre. J’ai vu des femmes et des vieillards qui, mourant de faim ou de l’épidémie, criaient encore tout en agonisant : « Frères, mourez et ne vous rendez pas. »

Quelques femmes racontaient avoir vu, en plein jour, la Sainte Vierge qui les avait assurées de la protection de Dieu. Les vieux levaient les yeux vers le mont Bérid ; selon une antique tradition, on croit à Zeïtoun que Dieu y descend aux grandes circonstances ; les orages qui grondent au sommet du mont, et le terrible Boran qui en descend, sont pris pour les manifestations de la présence divine ; les vieillards nous montraient le sommet du Bérid et disaient : « Attendez ! notre Dieu ne va pas tarder à paraître ; il dirigera par là ses canons contre les Turcs, et ils seront tous dispersés. »

D’autre part, les efforts de Remzi-Pacha à prendre Zeïtoun par la ruse, nous firent pressentir que son armée avait perdu l’espoir de le prendre par force et qu’il voulait peut-être presser la