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Le lundi 18 novembre, au point du jour, Mazhar-Bey s’était rendu, avec un détachement de soldats, au couvent de Moudjik-Déré, et les autres avaient assiégé le village. Le Père Salvatore était allé au-devant du colonel et l’avait prié de prendre tous ses biens mais d’épargner sa vie. Mazhar-Bey lui avait répondu : « Je suis venu prendre ta vie. » Sur ces mots, les soldats attaquèrent le Père Salvatore, lui déchirèrent la cuisse à coups de baïonnette[1], et, après l’avoir dépouillé de tout ce qu’il possédait, le traînèrent jusqu’au camp avec ses onze élèves arméniens catholiques, ses orphelins et ses domestiques.

Ensuite, les trompettes ont sonné, les réguliers et les bachi-bozouks ont attaqué le village, et se sont mis à massacrer, à piller et à incendier. Ordre leur était donné de ne pas laisser un seul

  1. Dans la brochure que j’ai publiée dernièrement, à Paris, sur l’assassinat du Père Salvatore, j’avais écrit que le Père Salvatore avait été tué dans le couvent, tandis qu’en vérité il y avait été seulement blessé, et il était mort plus loin ; j’avais suivi le récit des témoins qui étaient venus à Zeïtoun et qui nous avaient raconté l’événement de cette façon. M. de Vialar mentionne dans son rapport cette version inexacte dans les lignes suivantes :

    « Quelques témoins qui ont assisté à cette scène ont cru que le P. Salvatore avait été tué ce jour-là. Réfugiés plus tard à Zeïtoun, ils y annoncèrent que le P. Salvatore avait été tué à coups de baïonnettes dans son couvent. C’était une erreur. Ce jour-la il n’avait été que blessé ; il ne fut tué que quelques jours après. » (Voir Livre Jaune de 1893-1897 page 253.)