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ment ; sa main semblait en avoir l’habitude, ayant déjà tâté les nombreuses blessures de tous ses enfants : « Mon enfant, lui dit-elle, défends bien ton pays ; si tu meurs, tu auras fait ton devoir. » Puis nous avons vu le vartabed Sahag, un vieillard boiteux et âgé de quatre-vingt-dix-neuf ans ; il avait l’air heureux et il rendait grâce à Dieu en s’écriant : « Sois loué, Seigneur ! je craignais de mourir sans avoir encore une fois senti l’odeur de la poudre ; je commençais à me dégoûter du parfum de l’encens, et je versais parfois de la poudre dans l’encensoir. » Puis il se retournait vers nous et nous suppliait de trouver un moyen pour qu’il pût lui-même prendre un fusil et tirer sur les infidèles. Nous lui avons répondu qu’il ferait bien de se contenter de nous encourager avec ses paroles ardentes. Et en effet, ce vénérable vieillard, qui autrefois de sa voix terrible avait mis en déroute les bachi-bozouks d’Aziz-Pacha, devint pour nous un grand inspirateur de courage et de patriotisme.

Peu à peu les Zeïtouniotes se mirent à quitter la ville pour venir au couvent prendre des ordres et des munitions. Les hommes du quartier Sourénian, conduits par leurs princes et par Hadji-Mer-