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Suprême sur la terre, est le père commun de tous ses sujets ; qu’à ses yeux la différence de couleur n’est rien, qu’il veut que tous jouissent d’une égale protection.

Plus d’une fois les hommes de couleur ont exposé leur vie pour défendre vos propriétés et vos personnes contre la population esclave, non qu’ils ne fassent des vœux pour son émancipation successive, mais ne voulant pas qu’on l’obtienne par la violence. Pouvaient-ils vous donner une preuve plus forte de leur désir sincère de vivre avec vous dans la plus parfaite intelligence ? La reconnaissance seule ne devrait-elle pas vous faire un devoir de les traiter en frères ? Combien, parmi les hommes de couleur, n’en est-il pas auxquels la liberté a été accordée à titre de récompense coloniale sur le trésor public, pour services rendus à vous et à vos familles ? Ne les avez-vous jugés dignes de la liberté, que sous la condition de les réduire au désespoir par vos injustes dédains, et par une persécution sans cesse renaissante ? Ah ! revenez à de meilleurs sentimens ; écoutez la voix de Dieu, celle du monarque, et le cri du sang et de la nature.

Cette brochure a produit de l’agitation ; mais à qui la faute ? Elle appartient tout entière à ceux qui en ont fait le sujet d’une si monstrueuse accusation. On ne saurait en donner une preuve plus frappante que ce qui s’est passé à la Guadeloupe ; bien que dans cette colonie existe aussi la division des castes, et par suite les mêmes levains de discorde, son introduction n’y a causé aucun trouble.

Il en eût été de même à la Martinique, si des hommes passionnés et fougueux n’avaient saisi ce prétexte pour accuser une population fidèle et paisible, qui, malgré l’état d’oppression où elle se trouve, espère tout du temps, de la justice de sa cause et de la protection du gouvernement.

La conspiration n’existe donc que dans l’imagina-